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Singapour : la première ville-jardin au monde

3 min

Description

Avec sa végétation luxuriante, ses espaces verts et sa politique environnementale, Singapour compte bien s'ériger comme un modèle de ville durable. Depuis plusieurs décennies, la cité-État au climat tropical incorpore la nature en ville pour proposer un cadre de vie attractif et agréable aux citadins.

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“Ce qui frappe quand on vient à Singapour, c’est que la nature est partout, elle fait vraiment partie intégrante de la ville”, constate l’architecte fondateur de WY-TO Yann Follain, installé dans la cité-État depuis treize ans. Avec des espaces verts qui occupent près de 47% du territoire et ses immeubles végétalisés, Singapour est une ville verte et ambitionne de le devenir davantage. D’ici 2030, le gouvernement prévoit de planter un million d’arbres supplémentaires et souhaite permettre à chaque habitant de vivre à moins de dix minutes à pied d’un espace vert.

De cité-jardin à cité dans la nature

Cette vision s’inscrit dans une démarche politique de longue haleine. “Le projet de Lee Kuan Yew, le père fondateur de Singapour, était de planter des arbres et de transformer Singapour en une ville abondante de nature”, poursuit Yann Follain. En effet, peu après l’indépendance du pays en 1965, l’objectif est de faire de la cité-État une “ville-jardin” pour offrir un environnement agréable et participer au bien-être des citoyens. En 1970, plus de 55 000 nouveaux arbres ont été plantés. En plus de vouloir intégrer la nature, l’idée est aussi de proposer un environnement propre. Cette combinaison a pour objectif de rendre la ville attractive pour les touristes et les investisseurs. “Vendre un écrin de verdure, une qualité de vie ont toujours fait partie des arguments de Singapour pour promouvoir le pays, à la fois pour la population locale et pour les investisseurs étrangers”, résume l’urbaniste Fabien Clavier.

Au cours des décennies, le gouvernement a d’une certaine manière, labellisé les objectifs du développement de la nature dans la ville en désignant Singapour ”Garden City”, puis “City in a Garden” et plus récemment “City in Nature”.

Aujourd’hui, la nature est omniprésente à Singapour. La ville dispose d’un réseau de sentiers de marche et de vélo de plus de 300 km permettant de relier les parcs et les espaces naturels. Les 101 hectares des Jardins de la Baie font à titre d’exemple parties des projets emblématiques de la ville. Des “super arbres” captent l’énergie solaire et hébergent de nombreuses espèces de plantes tropicales sur leurs troncs d’acier et de béton.

En plus de vouloir végétaliser l’espace urbain, le gouvernement s’attache à développer la biodiversité en ville en réintroduisant des espèces sauvages. Il n’est donc pas rare de croiser des loutres dans le cœur de cette cité-État de plus de cinq millions d’habitants.

Des constructions vertes

De par la densité urbaine et le climat tropical, la nature a des fonctions bien précises à remplir pour proposer un cadre de vie agréable aux Singapouriens. “La nature, la végétation apportent de l’ombre. Dans un pays où il fait très chaud, c’est un service extrêmement important, détaille Fabien Clavier. En combattant aussi les îlots de chaleur, la nature a un rôle important à jouer dans le rafraîchissement de certains quartiers et de districts entiers très artificialisés”. La nature permet aussi de remplir une fonction sociale puisque l’incorporation du végétal à l’espace urbain crée une sensation de bien-être et permet aux humains de se connecter avec le vivant.

Au-delà des parcs et des trames vertes, la nature est intégrée dans les projets architecturaux avec des façades végétalisées et des jardins sur les toits. Il est aujourd’hui obligatoire lors de la construction d’un nouveau bâtiment de compenser la destruction de la surface au sol, en restituant cette partie en surface végétalisée. Le gouvernement a par ailleurs lancé depuis 2005 la certification “BCA Green Mark” pour réglementer et évaluer l’impact environnemental d’un bâtiment. L’objectif est d’avoir “au moins 80% de bâtiments verts d’ici 2030”. 

Dans une logique d’optimiser la production agricole, les fermes urbaines prennent leurs quartiers sur les toits de la ville. Alors que la cité-État est grandement dépendante des importations alimentaires, le gouvernement table sur une production de 30% des besoins nutritionnels d’ici huit ans.

Singapour réussit ainsi le pari de s'ériger comme une ville innovante où la nature fait partie du quotidien des citadins mais peut-on, au-delà des ambitions du gouvernement, affirmer que ce modèle est durable?

“Je pense que Singapour est assez en avance sur beaucoup de choses. Face au changement climatique et à la montée des eaux qui sont des risques existentiels pour l’Etat, le choix de la durabilité n’est pas négociable”

Fabien Clavier

Toutefois, même si Singapour peut servir d’inspiration pour de nombreuses villes dans le monde, beaucoup de contraintes environnementales pèsent sur elle, notamment en raison de sa taille. La cité-Etat doit, par exemple, importer la quasi-totalité de son énergie. La nature urbaine ne suffit pas non plus à nettoyer l’air de la ville. La pollution de l’air à Singapour dépasse les seuils recommandés par l’OMS. La cité-Etat figure d’ailleurs parmi les grandes métropoles les plus polluées de sa région, avant Taipei et Manille.