Hero banner custom title
Ce super corail pourrait aider à préserver certains récifs
3 min
Une espèce présente dans le Golf d'Aqaba résiste à une hausse de température de 5 °C et pourrait s'avérer précieuse pour repeupler les océans.
Dans le Golfe d’Aqaba, situé au nord de la mer Rouge, d'irréductibles coraux résistent encore et toujours aux dérèglements climatiques. Alors que partout ailleurs, ces organismes symbiotiques succombent au réchauffement et à l'acidification des océans, certains récifs échappent à l'hécatombe. Des scientifiques ont élevé en aquarium ces spécimens de l'espèce Stylophora pistillata, en les exposant à diverses hausses de température. Ces coraux, habitués à des moyennes mensuelles de 27 °C en été, ont vaillamment survécu dans une eau à 32 °C. Cette résistance s'avère exceptionnelle, quand la plupart des coraux peine à survivre à un réchauffement d'à peine 1 °C. Leur acclimatation s'explique par des changements dans l'expression de certains gènes des coraux hôtes, mais aussi par une adaptation rapide de leurs algues symbiotiques et de leurs bactéries.
Les coraux Stylophora pistillata résistent à une hausse de température de 5 °C, ce qui correspond au scénario pessimiste du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) de l’ONU pour la fin du siècle.
Ces récifs de la mer Rouge portent en eux beaucoup d’espoir car ils pourraient constituer l’un des derniers refuges coralliens de la fin du siècle, mais aussi servir à repeupler d’autres sites dévastés. « On peut utiliser ces espèces naturellement résistantes, parmi d’autres, pour mener des projets de restauration corallienne, note Denis Allemand, directeur du Centre scientifique de Monaco. La technique est assez bien maîtrisée aujourd’hui, encore faut-il pouvoir l’appliquer à grande échelle... »
Par ailleurs, les dérèglements climatiques ne sont pas la seule menace qui pèse sur ces coraux, et leur résilience pourrait être mise à mal par les pollutions marines, l’aquaculture ou encore la navigation… Il est donc urgent de les protéger : selon Denis Allemand, « environ 20 % des récifs ont définitivement disparu, 25 % sont en grand danger et 25 % supplémentaires sont menacés d’ici à 2025, si aucune action de gestion n’est menée ». Ces précieux écosystèmes abritent un tiers des espèces marines connues, et assurent la subsistance de 500 millions de personnes.