AirCarbon, le plastique « carbon-negative »
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Newlight a développé une technologie qui capture les gaz à effet de serre dans l’atmosphère et les transforme en plastique. Une alternative « carbon-negative » aux plastiques fabriqués à partir de combustibles fossiles.
C’est en lisant un article sur l’augmentation des émissions de méthane provoquées par l’élevage laitier que Mark Herrema, étudiant à l’université de Princeton, a eu une idée : et si l’on utilisait les gaz à effet de serre comme une ressource – les plantes le font tous les jours ? Si l’on récupérait le carbone déjà présent dans l’atmosphère pour fabriquer du plastique ? Après tout, de quoi est constitué le plastique si ce n’est d’atomes de carbone ?
Après dix années de recherche, en 2003, Mark Herrema et son associé – et ami d’enfance – Kenton Kimmel fondent Newlight Technologies, en Californie. Ils pensent avoir trouvé LA solution pour remplacer le plastique standard par un tout nouveau matériau, l’AirCarbon, fabriqué à partir de méthane grâce à un processus de production innovant, moins coûteux et beaucoup plus écologique.
La première étape de ce processus consiste à capturer les émissions de méthane – un gaz à effet de serre à courte durée de vie, mais au pouvoir de réchauffement bien plus puissant que le CO2 – en provenance des fermes laitières, des usines de traitement de l’eau, des décharges ou des centrales électriques. À l’intérieur d’un réacteur, le gaz est combiné à l’air et converti en polymère liquide, puis transformé en granules de plastique. Selon ses créateurs, la particularité du réacteur développé par Newlight est son efficacité : il génèrerait un rendement de conversion neuf fois supérieur aux autres réacteurs, permettant ainsi de baisser le coût du processus de transformation du méthane en plastique et de concurrencer, notamment sur le prix, les plastiques fabriqués à base de pétrole. Si certains scientifiques restent sceptiques (Le processus est-il économiquement viable ? L’AirCarbon tient-il véritablement sa promesse d’un bilan carbone négatif, et si oui, n’est-ce pas juste « une goutte d’eau dans l’océan » ?), Newlight accumule les récompenses… Et les contrats ! Avec Sprint, pour des coques de Smartphones, avec Dell, pour l’emballage de certains de ses ordinateurs portables, ou encore avec un fabricant de meubles pour une collection de chaises.
Les initiatives de ce type se multiplient un peu partout à travers les continents, à l’image de ce prototype unique au monde, installé de 2011 à 2013 dans la station d’épuration Aquiris à Bruxelles, permettant de démontrer la possibilité de valoriser les boues d’épuration en plastique biodégradable et réutilisable dans de nombreuses industries. Transformer la pollution en ressource, en voilà une bonne idée !
Crédits : image © Getty Images