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Comment l’Allemagne et l’Autriche facilitent l’accès aux transports en commun
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En Autriche, le gouvernement a pour objectif de réduire la place de la voiture et simplifie l’accès et le coût des transports en commun avec une proposition innovante : un ticket unique à 3 euros par jour, permettant l’accès à tous les transports et trains du pays. Une façon de faire baisser les émissions de gaz à effet de serre. Un ticket similaire a été instauré cet été en Allemagne pour encourager la population à emprunter un mode de transport moins polluant.
Le train pollue huit fois moins que la voiture, et quatorze fois moins que l’avion, par personne et par kilomètre, assure l’établissement public français l’ADEME, l’Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie, qui préconise de privilégier ce moyen de transport. Mais voilà, prendre le train coûte parfois cher ! En France, d’après l’INSEE, le prix des billets de train a augmenté en moyenne de 14,6%, entre avril 2021 et avril 2022.
De l’autre côté du Rhin, pour faire face à la hausse des prix de l’énergie et inciter les usagers à abandonner leur voiture pendant trois mois, l’Allemagne a misé sur un pass estival. Ce forfait permet ainsi depuis le 1er juin jusqu’à fin août de bénéficier, sans conditions, d’un accès illimité aux trains régionaux et aux transports en commun pour seulement 9 euros par mois. Cette mesure, dont le coût est estimé à 2,5 milliards d'euros, a suscité un vif intérêt notamment lors du week-end de la Pentecôte.
Si cette mesure pourrait inciter la population à changer ses habitudes, il faudrait pour certains, aller plus loin. “Le ticket à 9 euros ne signifie pas qu’un bus supplémentaire sera disponible dans les zones rurales, mais c’est là que les alternatives à la voiture doivent être fortement augmentées", explique à la RTBF Jens Hilgenberg. L’expert en transport pour l’Association pour l’environnement et la protection de la nature (Bund), estime nécessaire de proposer une baisse permanente des prix, dans tout le pays.
Investir dans le ferroviaire
Selon l’office Statistica, moins de 6 % de la population allemande utilise le train pour partir en vacances. Miser sur le ferroviaire pourrait ainsi permettre de réduire la place de la voiture mais aussi de l'avion sachant que les vols de moins de 1500 km représentent un quart des émissions du secteur aérien européen. À titre d’exemple, le trajet Francfort-Berlin est l’un des vols les plus empruntés en Europe et le plus fréquenté en Allemagne. Il émet 12 fois plus de CO2 qu’un trajet en train, réalisable en près de quatre heures.
“Contrairement au secteur aérien, qui a bénéficié d’investissements, d’aides et d’autres subventions financés par le contribuable, le secteur ferroviaire a été le parent pauvre des politiques publiques. Il représente aujourd’hui moins de 7 % du volume des transports de passagers dans l’Union européenne”, précise GreenPeace dans son rapport de 2021 : Remettre l’Europe sur les rails.
L’ONG demande la suppression des vols courts, particulièrement impactants pour l’environnement (à condition de proposer une alternative en train de moins de six heures) et préconise de “rendre les voyages en train moins chers et plus pratiques que les voyages en avion”.
En Autriche, le gouvernement propose une “véritable révolution dans les transports en communs”, selon les mots de la ministre de l’environnement Leonore Gewessler. Pour participer à la lutte contre le changement climatique, le pays a adopté depuis octobre 2021 le “Klimaticket”. Pour près de 3 euros par jour, soit 1095 euros l’année, les Autrichiens peuvent désormais emprunter l’ensemble des transports publics et privés. Dès le premier mois, 130 000 personnes ont ainsi souscrit à l’abonnement.
L’Autriche, qui s’est fixée l’objectif de réduire de 16 % l’utilisation de la voiture individuelle d’ici à 2040, a investi 240 millions d’euros dans ce projet, et devra injecter 150 millions chaque année.
Le pays vise globalement le déploiement des modes de transports décarbonés.
Entre 2022 et 2027, plus de 18,2 milliards €, rien que pour le ferroviaire, devraient être investis, souligne L’ADN.
Si l'initiative d’un pass de transport illimité n’est pas nouvelle en Europe, l’Autriche permet de rendre cette opportunité accessible à tous. La Suisse propose déjà un concept similaire mais à un prix nettement moins abordable : 3700 euros l’année, en seconde classe.