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Dessalement de l’eau : comment ça marche ?
4 min
Il y a une cinquantaine d'années seulement, Abou Dhabi n’était qu’un petit village de bord de mer. Il s’est vite transformé en métropole, et compte désormais parmi les villes les plus ultra-modernes et animées de la planète. Le secret de ce développement éclair ? L’eau. L’eau dessalée, pour être exact.
« Dans une région comme celle d’Abou Dhabi (entre autres zones arides similaires), sans eau dessalée, la vie n’est pas possible », constate Nathalie Réaux, responsable marketing et communication à la SIDEM, une société spécialisée dans les grands projets de dessalement au sein de Veolia Water Technologies. Plus de 117 pays ont recours au dessalement de l'eau de mer, pour obtenir de l’eau potable ou à des fins industrielles – et les pays du Moyen-Orient sont ceux qui l’utilisent le plus. Près de 100% de l'eau potable du Qatar provient d’usines de dessalement ; 90% au Koweït ; 96% aux Émirats arabes unis. L'Arabie saoudite compte plus de 33 stations de dessalement, ce qui représente 20 % de la production mondiale d'eau dessalée.
Près de 100% de l'eau potable du Qatar provient d’usines de dessalement.
Le dessalement, comment ça marche ?
L'eau salée est pompée dans les profondeurs de la mer, loin au large, là où l’eau est plus fraîche et plus propre ; puis elle est filtrée via plusieurs processus (qui durent une trentaine de minutes en tout). La première filtration élimine les gros objets (plastiques et autres déchets ; organismes marins). On ajoute ensuite un produit coagulant : les petites algues et les autres particules en suspension vont alors former des agglomérats qui seront écumés à la surface dès que leur taille le permettra. On filtre enfin les particules plus fines tandis que l'eau clarifiée traverse plusieurs couches de sable ; c’est la phase finale du prétraitement.
L’eau subit alors une osmose inverse : l'eau salée est pompée à très haute pression à travers des membranes extrêmement fines, qui piègent le sel et ne laissent passer que les plus petites particules d'eau. La moitié du liquide devient de l'eau douce déminéralisée ; l'autre moitié (la « saumure ») contient environ deux fois plus de sel.
La suite dépend de l'utilisation qui sera faite de l'eau. L'eau destinée à l'industrie et à l'agriculture ne nécessite aucun traitement supplémentaire : elle peut être transférée hors de la station d'épuration. « L'eau potable doit être reminéralisée, et les niveaux de pH doivent être contrôlés afin de respecter toutes les normes en vigueur », détaille Nathalie Réaux. « Il peut être surprenant d’apprendre que nous rajoutons du sel et des minéraux après un tel processus, mais il faut savoir que l'H2O pure est mauvaise pour notre santé et pour nos canalisations. »
Retour à la mer
« Nous industrialisons un processus naturel », souligne Nathalie Réaux, en faisant référence au cycle naturel qui voit l’eau de mer s’évaporer, rejoindre des nuages, et revenir à la mer sous la forme de précipitations. « L'eau que nous produisons est utilisée dans les maisons et les villes, puis elle retourne à la terre, aux rivières et à la mer. » La saumure retourne elle aussi à la mer. En raison de sa forte concentration en sel, elle est acheminée loin des côtes : les courants la diluent alors rapidement dans la vaste mer. « Nous étudions les courants et les flux marins afin d'identifier la meilleure zone possible pour rejeter la saumure : nous voulons nous assurer de ne pas perturber le milieu environnant. »
Tournés vers l’avenir
La technologie du dessalement est certes impressionnante, mais elle présente des limites importantes. On constate notamment que les usines occupent de grands espaces en bord de mer, que leur consommation énergétique n'est pas négligeable, et que l'eau dessalée peut être considérablement plus onéreuse que l’eau provenant d’autres sources. Pour pallier ces problèmes, Veolia a développé le Barrel™, une version compacte du processus d’osmose inverse mis en place au sein des usines de dessalement. Cette solution « plug and play » consomme moins d'énergie et peut réduire d’un quart la superficie totale des usines. « C'est un atout essentiel car l’espace libre se fait de plus en plus rare sur le littoral, notamment dans la région de la Côte du Golfe, explique Nathalie Réaux. Le Barrel produit la même quantité d'eau en occupant moins de terrain. » Il est en outre équipé d’un outil numérique qui surveille les membranes pour réduire les blocages, et permet aux utilisateurs de programmer des maintenances et des nettoyages préventifs. En optimisant le temps et les matériaux, les usines fonctionnent efficacement, perdent moins d'énergie et réduisent donc leur empreinte carbone.
40% de la population mondiale vit à moins de 100 km de la mer
Bien qu'il n'existe pas de solution parfaite à la pénurie d'eau, le dessalement permet de fournir de l’eau à certaines des régions les plus sèches de la planète, qui en ont terriblement besoin. « Notre climat continue de changer, et les ressources en eau se raréfient : certaines régions ont commencé à envisager, à tester, voire à augmenter la production d'eau dessalée. » Et lorsqu’on sait que 40% de la population mondiale vit à moins de 100 km de la mer, force est d’admettre que ce processus pourrait bien être la solution.