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Question ouverte

Pourquoi les fruits et légumes bio des supermarchés sont-ils suremballés ?

4 min

Description

Difficile, souvent, de concilier courses en grandes surfaces et meilleures pratiques pour l’environnement.

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En vingt ans, le marché alimentaire biologique mondial a été plus que multiplié par sept, dépassant 112,3 milliards d’euros en 2019, estime l’Agence Bio, un groupement d'intérêt public créé par le gouvernement français pour promouvoir l’alimentation biologique en France. Une bonne nouvelle pour l’environnement ? Pas si sûr... Car la majorité des produits bio vendus en grande distribution (ce qui représente 55 % des ventes de fruits et légumes bio en France, selon l’Agence Bio française) sont contenus dans des emballages plastiques à usage unique, et très peu d’entre eux sont recyclables. Or selon le WWF, un tiers des déchets plastiques générés dans le monde terminent dans la nature.

À retenir

En France,

55 %

des fruits et légumes bio sont vendus dans la grande distribution.

Des raisons économiques

Comment est-on arrivé à cette situation qui va à l’encontre des principes du bio ? Avant tout pour des raisons économiques. Cela permet d’abord aux enseignes d’éviter la contamination des produits. S'ils étaient amenés à se toucher – par exemple si un client remet des fruits non bio dans l’étalage bio – les traces de pesticides pourraient passer de l’un à l’autre. Autre raison : certains consommateurs pourraient peser du bio en non bio, et le payer moins cher. « Or, le seul moyen d’éviter cela, serait de dédier du personnel à la pesée en rayon bio mais cela serait coûteux pour les entreprises », explique Charles Pernin, délégué général du Syndicat Réseau Entreprises BIO Agroalimentaires (Synabio), un réseau qui représente plus de 200 entreprises françaises du bio. Certaines enseignes se sont donc adaptées et ont ouvert des supermarchés dédiés uniquement au bio.

D’autres marques ont peu à peu fait de l’emballage plastique une surface utile pour communiquer (images, logos etc). Et le conditionnement lui-même est devenu un argument marketing de poids et confère aux fruits et légumes un aspect « luxe » qui justifie une partie de la différence de prix avec le non bio.

Une réglementation non contraignante

Mais pourquoi ne pas privilégier les emballages en carton recyclable ? Également parce que c'est, pour l'instant, plus cher que le plastique. Mais la situation est probablement amenée à évoluer. Cent soixante-quinze États membres de l’Organisation des Nations Unis ont adopté une résolution affirmant leur volonté de réduire « considérablement les produits en plastique à usage unique d’ici 2030 ». Elle n’est cependant pas contraignante, et certains pays comme les États-Unis ont fait pression pour que le texte, qui prévoyait initialement de s’engager vers une disparition des plastiques à usage unique d’ici 2025, reste flou en matière d’objectif chiffré.

À retenir

La France prévoit de recycler

100 %

des plastiques à usage unique d’ici 2025.

Plus ambitieuse, la directive européenne sur la mise sur le marché d'objets jetables en plastique, publiée en 2019, prévoit l’interdiction dès 2021 de huit produits à usage unique parmi les plus fréquemment retrouvés sur les plages (pailles, gobelets, coton-tiges…) Elle demande aussi aux États membres de réduire de 25 % les emballages en plastique à usage unique, notamment pour les fruits et légumes. La France est l’un des bons élèves en la matière et va plus loin que la plupart de ses voisins. Sa loi antigaspillage pour une économie circulaire du 10 février 2020 prévoit de recycler 100 % des plastiques à usage unique d’ici 2025, puis d’interdire leur mise sur le marché en 2040. Ceux des fruits et légumes frais devraient être interdits à partir du 1er janvier 2022, même si un projet de loi prévoit une longue liste de dérogations. Mais aujourd’hui, comme demain, la solution à privilégier reste le vrac et les sacs réutilisables lorsque cela est possible.