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Le plexiglas se recycle-t-il ?
4 min
Après la pandémie, que va-t-on faire de tous ces panneaux transparents ?
Avec la pandémie de Covid-19, le polyméthacrylate de méthyle (PMMA), aussi appelé plexiglas, s’est imposé dans notre quotidien. Déjà utilisé pour les écrans de télévision ou dans des feux de voitures, il l’est désormais dans les commerces, les restaurants ou les hôpitaux pour se protéger des gouttelettes qui transportent le virus. En France, l’année dernière, la demande a été multipliée par deux ou trois, tandis qu’elle grimpait de 300 % aux Etats-Unis. A tel point que des pénuries mondiales ont été enregistrées. Le problème, c’est que ce matériaux se recycle très mal. En Europe, par exemple, cela ne concerne que 10 % de la production du continent, soit 300 000 tonnes.
10 %
Seul 10 % du plexiglas produit en Europe est recyclé.
Pour comprendre pourquoi, il faut revenir à la production même du polyméthacrylate de méthyle. « Créé à partir du pétrole, comme la plupart des plastiques, le PMMA est obtenu par polymérisation du méthacrylate de méthyle, explique Kako Naït Ali, doctoresse en chimie des matériaux. C'est-à-dire que l’on chauffe le composé organique (méthacrylate de méthyle) pour provoquer une réaction chimique (polymérisation) qui lui permet de se solidifier. » Le produit ainsi obtenu est transparent et d’une extrême résistance.
Deux techniques
Et c’est cette dernière spécificité qui rend le PMMA difficilement recyclable. « Il ne peut être mélangé à d’autres déchets plastiques, au risque de perdre ce côté incassable », explique Kako Naït Ali. Il ne peut être refondu qu’au moyen de deux techniques, selon si le matériau a été coloré ou non. Le premier processus est mécanique. Il permet de refaire du plastique à partir de plaques sans modifier significativement la structure chimique de la matière. Il est aggloméré puis retaillé selon les usages. « On ne peut donc utiliser cette technique qu’avec des plaques non dégradées et non colorées, au risque sinon d’avoir un produit dont les couleurs seront mélangées et le résultat peu esthétique », précise Jean-Luc Dubois, directeur scientifique d’Arkema, un groupe chimique français spécialisé dans les matériaux de performance. Cette technique permet principalement de recycler les chutes de coupe industrielle.
Il existe aussi une seconde méthode qui modifie la structure chimique des plaques pour pouvoir les réutiliser pour de nouvelles réactions chimiques. Via des procédés chimiques, les molécules du plexiglas sont brisées, séparées puis soudées de nouveau ensemble. Cette méthode permet, elle, de traiter le plexiglas coloré pour en retirer ses pigments. Néanmoins, elle ne permet pas de lui rendre son côté translucide. « Mais ce procédé est assez coûteux et consomme beaucoup d’énergie », note le directeur scientifique d’Arkema.
Alors pour contrer ces difficultés, certaines initiatives locales prennent le parti du réemploi, et détournent simplement l’usage premier du plexiglas collecté. A Kamouraska, près de Québec, l’organisme environnemental canadien Co-éco réutilise tels quels les panneaux collectés pour en faire des supports pour des toiles d’artistes ou les chauffe pour les tordre et les remodeler afin de créer des mini serres agricoles. Peut-être donnera-t-il des idées à d’autres…