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Les simili-viandes sont-elles sans danger pour l’environnement ?
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Si on parle de bien-être animal, de calories, alors oui, les simili-viandes sont généralement meilleures. Mais ces produits de synthèse conçus en usines à partir de plusieurs ingrédients sont-ils vraiment bons pour l’environnement ?
Faut-il remplacer son steak de bœuf par une version végétale pour réduire son empreinte carbone ? La réponse paraît plutôt simple. Entre les terres exploitées pour nourrir et élever le bétail, la consommation d’eau et les émissions de gaz à effet de serre, la viande a un lourd impact environnemental. Et le bœuf figure parmi les plus mauvais élèves. En premier lieu, la production de viande bovine est grande consommatrice d’eau. En outre, elle participe à la déforestation, nous privant du rôle essentiel des végétaux : capter le CO2. Enfin les vaches rejettent du méthane dans l’atmosphère, par leurs rots et leurs pets. La FAO estime que l'élevage, de manière générale, est responsable de 14,5% des gaz à effet de serre à l’échelle mondiale.
Le GIEC (Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat) préconise ainsi de réduire notre consommation de viande.
"Le plus grand potentiel par transition viendrait du passage à des régimes tournés vers les protéines végétales", assurent les experts. Si cela peut s’avérer parfois difficile pour les amateurs de viande, plusieurs alternatives existent aujourd’hui pour franchir le cap du flexitarisme ou même du véganisme : les imitations végétales de viandes.
Simili-viande de quoi parle-t-on ?
Depuis plusieurs années, ces produits vegans occupent les rayons des supermarchés et même des menus des grandes chaînes de fast-food. Ces simili-viandes, différentes des galettes de soja, sont fabriquées à partir de protéines végétales et permettent de retrouver une texture et un goût très similaires à la viande. Les huiles ajoutées dans les recettes comme l’huile de coco ont pour objectif de rappeler le gras. Et pour plus de réalisme, les industriels ont développé des ingrédients de synthèse comme l’hème, obtenu par exemple à partir de levure génétiquement modifiée avec le gène de la leghémoglobine de soja. Cela donne au produit une couleur et un goût sanguin.
Cette nouvelle industrie va peser lourd dans les années à venir. Les substituts végétaux devraient en effet représenter 10% du marché mondial de la viande d’ici 2030 contre 1% aujourd’hui, relate Sud Ouest. Parmi les grands noms de ces industriels de fausses viandes, on retrouve Beyond Meat qui conçoit des produits principalement à base de protéines de pois et Impossible qui propose des produits à base de protéine de soja.
Quelles conséquences pour l’environnement ?
Ces entreprises se targuent aujourd’hui de permettre de réduire l’impact environnemental, avec des études à l'appui.
Avant de changer la recette du burger, un rapport commandé par Beyond Meat a démontré qu’un steak de la marque générait 90 % moins d'émissions de gaz à effet de serre, et nécessitait 46 % moins d'énergie qu’un quart de livre de bœuf américain.
Sur le papier, ces alternatives végétales semblent alors idéales mais il ne faut pas oublier qu’il s’agit avant tout de produits ultra transformés dont les étapes de production consomment de l’énergie. Marco Springmann, chercheur à l’Université d’Oxford, spécialiste des enjeux liés à l’alimentation estime que ces alternatives sont susceptibles de rejeter cinq fois plus de CO2 que les légumineuses à l’état brut, à l’instar du soja qui est en soi bas carbone.
Selon lui, les steaks à base de végétaux peuvent générer entre 2,5 et 5 kg de CO2 par kilo, en fonction du processus de production. À titre de comparaison, la viande rouge émet entre 20 et 50 kg et la volaille entre 7 et 11 kg. “Certaines enquêtes réalisées auprès des consommateurs dans les pays à revenu élevé indiquent que ces produits sont parfois consommés en plus de ce qu'ils seraient autrement consommés. Donc, si vous consommez en plus un tel produit et qu’il a le même impact que n'importe quelle volaille ou si vous imaginez que votre action sera plus écologique en remplaçant la volaille par ça, en réalité, ce n'est probablement pas le cas”, assure-t-il. Marco Springmann estime alors qu’il est préférable de consommer des produits végétaux non transformés, que ce soit pour la planète, pour son portemonnaie mais aussi pour sa santé.
Ces substituts de viandes ne sont donc pas la recette magique pour faire face au réchauffement climatique. Néanmoins, ils peuvent être un bon outil pour permettre aux humains d'entamer une transition vers un régime végétarien et sont de toute évidence moins impactant pour l’environnement que la viande animale.
Selon une étude publiée par la revue Nature, si on remplaçait seulement 20% de la consommation mondiale de bœuf et d'agneau par des protéines microbiennes, cela pourrait permettre de réduire de moitié la déforestation et les émissions de CO2 liées à l'agriculture d'ici 2050.