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Qu’est-ce que « l’éco-anxiété » ?
5 min
Avez-vous déjà ressenti de l’anxiété ou de l’impuissance face au dérèglement climatique ? Cette détresse psychologique porte un nom : « l’éco-anxiété ».
L’éco-anxiété, aussi connue sous le nom de solastalgie*, est le « coût caché » de la crise climatique. Depuis quelques années, cette détresse psychologique touche chaque pays de la planète, depuis les foyers étudiants des Etats-Unis jusqu’aux terres agricoles arides du Nord-Est de l’Inde. Elle se présente sous la forme « d’émotions négatives et de détresse associée à la perception de la dégradation de l’environnement », explique la professeure Susan Clayton, psychologue et spécialiste américaine de l’éco-anxiété.
Des sinistrés en train de fuir leurs maisons inondées à la nage ; des flancs de montagnes en train de partir en fumée dans le ciel nocturne… que l’on assiste à ces scènes dans la réalité ou via un écran de télévision, elles peuvent affecter l’esprit humain de façon « si obsessionnelle qu’elles finissent par gêner la concentration… ou par perturber le sommeil et la joie de vivre des personnes concernées », constate la psychologue. Le spectacle de la destruction extérieure se mue en souffrance intérieure, dont les effets psychologiques à long terme restent à déterminer.
Sentiment d’impuissance
Les psychologues ont mis en lumière une tendance chez les patients qui présentent ces symptômes : « tous ont un sentiment d’impuissance », affirme Susan Clayton ; « l’impression de ne rien pouvoir y faire ».
« Les jeunes estiment que la plupart des gens ne prennent pas le changement climatique au sérieux, et cela les frustre, les met en colère »
Les jeunes se trouvent en bas de l’échelle générationnelle ; ils ne sont pas encore en mesure d’influencer les mesures gouvernementales globales de lutte contre la crise climatique. Leurs parents semblent avoir vécu dans la certitude ; eux font face à une absence de contrôle des plus catastrophiques. « Ils estiment que la plupart des gens ne prennent pas le changement climatique au sérieux, et cela les frustre, les met en colère », souligne Susan Clayton. D’après une étude publiée en 2021 et approuvée par la revue « The Lancet Planetary Health », 75 % des 16-25 ans de dix pays, dont les Philippines, l’Inde et la Finlande, jugent le futur « effrayant » à cause du dérèglement climatique.
Passer à l’action
Agir peut s’avérer un antidote des plus efficaces. Lorsque l’anxiété des patients est légère, Susan Clayton leur recommande de « s’engager aux côtés de personnes qui partagent leurs préoccupations, pour lutter de concert contre le changement climatique ».
Mais lorsque l’anxiété est aiguë, les patients « doivent d'abord apprendre à gérer leurs émotions ». Ce processus dépend du tempérament de chacun : « on peut par exemple décider de ne plus consulter les médias d’information pour un temps ; essayer de poser un regard différent sur le problème ; ou trouver des moyens de gérer son stress, comme la respiration profonde ou les promenades en forêt ». Dans le contexte actuel (bouleversement des paysages, sixième extinction de masse...), une évidence s’impose : la résilience mentale est en passe de devenir un outil indispensable.
* Terme inventé par le philosophe australien Glenn Albrecht. Du latin « solacium », ou réconfort face à la détresse, et du suffixe grec « -algia », relatif à la douleur