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Pourquoi la pluie ne remplit-elle pas forcément les nappes phréatiques ?
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Le chemin de l'eau, de la surface jusqu'à la nappe, est jalonné d’obstacles.
Les nappes phréatiques, alimentées par les pluies, constituent les plus gros réservoirs en eau potable de notre planète. Environ 75% de l’eau consommée par les Européens, 51% pour les Américains, et 85% en Inde rurale, provient des eaux souterraines. Pourtant, contrairement à certaines idées reçues, les épisodes de précipitations n’augmentent pas forcément leur niveau… Explication.
Avoir le bon terrain...
Pour comprendre, prenons un exemple simple. Versez un peu d’eau dans un seau rempli de sable : elle est absorbée et rien ne coule si l’on penche le contenant. Sous terre, les nappes phréatiques fonctionnent de la même façon. « Les terrains sableux, sont très aquifères, ils retiennent l’eau comme une éponge, tout comme des roches poreuses comme le calcaire ou la craie : l’eau comble les espaces vides entre les grains et reste captive », explique Jérôme Nicolas, Hydrogéologue au Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM), un établissement public français qui gère les ressources et les risques du sol et du sous-sol. A contrario, de nombreux terrains, constitués d’argile par exemple, ne sont pas aquifères : l’eau ne peut ni s’y infiltrer, ni y être stockée. Elle ruisselle sur cette couche imperméable, jusqu’à un cours d’eau. Pour que de fortes pluies rechargent des nappes phréatiques, il faut donc tout d’abord que la géologie du sous-sol s’y prête.
… au bon moment
Le renouvellement des nappes phréatiques est également corrélé aux saisons. En été, les sols sont souvent très secs, ce qui empêche l’eau de s’infiltrer facilement. Les températures élevées favorisent aussi l’évaporation rapide. « Les épisodes pluvieux à cette période sont aussi souvent plus intenses que le reste de l’année. L’eau ruisselle sur le sol jusqu’à un cours d’eau plus qu’elle ne s’infiltre. Enfin, la végétation est très active, et l’eau est consommée par les plantes avant de réussir à pénétrer en profondeur dans le sous-sol », précise Jérôme Nicolas. L’automne et l’hiver sont donc des moments clés. C’est de l’absence de pluie lors de ces saisons qu’il faut surtout s’inquiéter, car les nappes phréatiques n’auront pas d’autres occasions de se recharger. Mais les pluies d’été ont quand même un effet bénéfique : elles contribuent à arroser la végétation et les cultures, et évitent donc de puiser dans les réserves des nappes phréatiques.
En France, 20 à 23% des précipitations annuelles arrivent à s'infiltrer dans les nappes phréatiques.
L'estimation de la part des pluies infiltrées en profondeur demeure complexe et difficilement quantifiable. En France, on estime qu’en moyenne seules 20 à 23% des précipitations annuelles arrivent à s'infiltrer en profondeur. Alors pour permettre aux entreprises et aux collectivités de prévoir les évolutions des niveaux des nappes, le BRGM et Veolia ont créé PrédiNappe. Cet outil informatique permet de suivre l’évolution des nappes souterraines pour assurer un équilibre entre les besoins et les ressources disponibles. Pour augmenter ces dernières, essayons de raisonner notre consommation en eau… pour laisser aux nappes phréatiques le temps de se recharger.