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Que deviennent les déchets nucléaires ?
4 min
Tout dépend de leur dangerosité.
Les 452 réacteurs nucléaires opérationnels dans le monde génèrent 10,3 % de l'électricité mondiale et émettent peu de gaz à effet de serre. En revanche, cette énergie crée une grande quantité de déchets plus ou moins dangereux. Rien qu’en Europe (hors Russie et Slovaquie), les 142 réacteurs en activité en produisent environ 6,6 millions de m3 au cours de leur vie. Qu’en faisons-nous ensuite ?
« Les déchets nucléaires sont classés selon l’intensité de radiation et le temps nécessaire pour que leur radioactivité diminue », commence par expliquer Dominique Richit, Directeur général de Veolia Nuclear Solutions, spécialisée dans le démantèlement et le traitement des déchets nucléaires. Les « déchets à vie courte », qui ont une durée de demi-vie inférieure à 31 ans, regroupent ceux issus de l’exploitation ou de la déconstruction d’une centrale : vêtements de protection, outils, pièces usagées, gravats contaminés... Les « déchets à vie longue » sont par exemple des résidus du traitement des combustibles nucléaires. Ils ne représentent que 10 % des déchets, mais peuvent rester radioactifs jusqu’à 100 000 ans, voire plus. Problème : on ne sait pas, en l’état actuel de la connaissance, neutraliser entièrement leur nocivité car on ne sait pas annihiler la radioactivité. Après la Seconde Guerre mondiale, la première « solution » était de les jeter en mer coulés dans du béton ou confinés dans des fûts. Cette pratique a cependant été interdite en 1993.
100 000
Les déchets nucléaires les plus dangereux peuvent vivre jusqu’à 100 000 ans, voire plus.
« Sécuriser » les déchets radioactifs
Aujourd’hui, l’idée générale est de les « sécuriser » pour que leur radioactivité disparaîsse naturellement avec le temps. Les déchets de faible et de moyenne activité à vie courte (300 ans de dangerosité maximum) sont stockés à la surface du sol, dans des entrepôts ultra-sécurisés (aux Etats-Unis, en Europe - Royaume-Uni, France, Suède, Finlande, Espagne, Belgique - et au Japon). Ils sont auparavant « traités » pour empêcher au maximum leur radioactivité de s’échapper. « Le processus mis en place se fait généralement par vitrification, ce qui revient à les chauffer et les fusionner dans des pains de verre, ou par cimentation, c'est-à-dire qu’on les emprisonne dans cette matière pour éviter tout phénomène de pollution par effet de lixiviation », détaille Dominique Richit. Ils sont ensuite entreposés dans des conteneurs en acier ou en béton. Les déchets plus problématiques, ceux de « Haute Activité » (HA), les moins nombreux mais les plus dangereux (parfois pendant plusieurs centaines de milliers d’années) sont pour l’instant traités d’une façon similaire pour être entreposés temporairement dans des sites ultra-sécurisés répartis dans 14 pays (avec en tête les Etats-Unis qui disposent d’une centaine de réacteurs nucléaires, puis la France avec une soixantaine).
En Finlande, les sites qui stockent les déchets radioactifs de « Haute Activité » sont pleins à 93%.
Des sites qui arrivent à saturation
Mais dans les prochaines années, ces sites seront pleins, en raison notamment du démantèlement à venir des installations nucléaires. Les piscines du centre de La Hague où sont entreposés temporairement des déchets nucléaires pourraient par exemple arriver à saturation dès 2030. En Finlande, le niveau total de saturation serait de 93 %, et de 80 % en Suède. L’industrie nucléaire travaille donc sur de nouvelles pistes. Pour l’instant, c’est l’option de l’enfouissement, à plusieurs centaines de mètres sous terre et dans une formation géologique adaptée (qui ne bougera pas durant plusieurs millions d’années), qui est privilégiée. Le projet le plus avancé, « Onkalo », en Finlande, prévoit d’enterrer définitivement sous plus de 400 mètres de roche les déchets les plus radioactifs. D’autres pays comme le Canada, l’Allemagne, le Japon, les Etats-Unis, réfléchissent à une solution similaire.